Monsieur G. est venu en consultation cette après-midi. Cela fait maintenant depuis 1999 qu'il vient au cabinet et je le connais depuis 2009.
Un adénocarcinome qui a pu être opéré et pour l'instant il n'y a pas de mauvaise surprise. Par contre il y en a eu une l'an dernier.
À l'heure prévue d'un rendez-vous prévu à l'avance comme il le fait toujours, son fils téléphone au cabinet. Pour m'expliquer un peu paniqué que son père ne veut pas venir en consultation, qu'il est bizarre, qu'il ne sait pas quoi faire. Finalement, il a réussi à l'amener dans la rue du cabinet.
Il était désorienté. Son fils me disait qu'il ne savait pas où il était et surtout qu'il ne le reconnaissait soudainement plus. Aïe.
J'arrive, Monsieur G. me voit. Il sourit et vient vers moi en me tendant la main "Bonjour F." (c'est un des patients qui a le droit de m'appeler par mon prénom). Son fils n'en est pas revenu... ni moi.
Il avait finalement été impossible de le faire venir en consultation. Il m'avait expliqué qu'il s'excusait, ne se sentait pas bien, n'arrivait pas à décrire ce qu'il avait.
Des examens ont été faits. Alzheimer... Son fils et sa femme de me téléphoner pour me parler de leur désarroi face au comportement impulsif et parfois apparemment légèrement violent de Monsieur G., lui si paisible habituellement.
Finalement, un traitement a été mis en place. Et depuis, Monsieur G. est comme avant. Je croise les doigts pour que cela dure et qu'il n'arrive pas un jour en me disant "Bonjour madame" plutôt qu'en utilisant mon prénom...