mardi 16 septembre 2014

Mon boulot vu par les proches

Je fais une pause. Je n'ai aucune idée de quand ce billet sera publié. Il va être écrit petit à petit au final. Il pourra peut-être être sujet à modification, que je signalerai ici.

Édition le 17 septembre 2014. J'avais oublié le dernier point...

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Je suis... lassée. On peut dire ça comme ça. Au début ça me mettait en colère. Et par moment ça me met encore en colère. Mais je suis surtout lassée maintenant.

Quand j'écoute mes proches, j'ai l'impression qu'il n'y a que eux qui ont un boulot (rayer la mention inutile, s'il y a) :
  • chiant ;
  • stressant ;
  • avec des problèmes avec les clients ;
  • avec des problèmes avec le ou les patrons ;
  • où ils ont l'impression de ne pas être reconnus ;
  • dont ils peuvent se faire virer.
Et surtout, LA remarque ultime : "ton travail est moins pénible que le mien". A laquelle on peut ajouter histoire de faire un combo : "la preuve, tu es parfois sur fesses de bouc".

Bien bien bien. Par où commencer...

Alors oui, je suis sur fesses de bouc. Parfois trop souvent par rapport à ce que je devrais. Alors je ne sais pas pour les autres, mais quand on a un travail stressant ça fait du bien de lâcher du leste sur une plateforme qui, n'en déplaise à certains, n'est pas à prendre au premier degrés dans le social non plus.

Mon travail est chiant. Les tâches sont pénibles car répétitives ou difficiles. J'aimerais bien voir certains de mes proches se retrouver à préparer un dossier pour présentation en réunion de concertation multidisciplinaire (RCP pour les intimes) d'un patient ayant un cancer alors qu'on n'a jamais fait ça avant et qu'on n'a pas le droit à l'erreur sinon faut recommencer et ça retarde la prise en charge du patient.

En plus, je n'aime pas mon boulot. Non mais vraiment. Vraiment vraiment. Mon patron a du mal à y croire parce que d'après lui je le fais bien. Mais bien faire son travail, au du moins faire son maximum, ne veut pas dire qu'on aime ce qu'on fait. On peut être professionnel même quand on n'aime pas un travail.

Stressant vous dites... C'est vrai que mon boulot n'est pas stressant. Entre les dossiers à préparer, les patients et toutes leurs pathologies, le fait de gérer ceux qui ont envie de se tuer, ceux qui viennent d'apprendre que leurs jours sont comptés, ceux qui se sont fait taper dessus et en souffrent encore, ceux qui sont méchants juste pour être méchants, etc. C'est pas stressant ? Non non, du tout. Pareil, j'aimerais bien les voir face au patient qui n'a jamais fumé, qui vient d'apprendre qu'il a un cancer non-opérable et qui vous souhaite "bonne journée". Vous lui répondez quoi ? "Merci vous aussi" ? Sachant qu'il s'en va chez le notaire pour faire son testament ?

Les problèmes avec les patients je ne vais pas revenir dessus pour le moment. C'est assez clair avec ce que j'ai déjà écrit.

Mon patron n'est pas toujours super tip top gentil non plus. Il est très sympa en général, je ne dis pas le contraire. Mais quand il a ses "sales périodes" c'est autre chose... On peut passer de Dr Jekyll à Mister Hyde (c'est marrant pour un médecin non ? non ? ok je sors). Et là il est beaucoup moins drôle et je me prends des remarques pour des choses où je n'y suis pour rien. Et il s'énerve vite, c'est le démarrage au quart de tour...

Quant à la reconnaissance, alors là... Je crois que je ne vais même pas en parler. La seule reconnaissance que j'ai c'est quelques mots gentils de patients ou petites attentions mais c'est si rare par rapport à la masse de travail ! Je ne demande pas à avoir un autel avec des offrandes mais un simple "merci" de la part de tout le monde ce serait bien. C'est normal de dire merci, non ? En tout cas, à la vieille conne que je suis (32 ans), on lui a appris ça. Bon je reconnais que le chèque de fin d'année me permet d'avoir un minimum de reconnaissance mais je préfèrerais une reconnaissance autre que financière.

La stabilité de mon travail est certes meilleure qu'un employé en intérim embauché pour 2 jours puis un hypothétique CDD etc. Mais en attendant, si je fais mal quelque chose en assistant mon patron, ça peut jouer sur la santé d'un patient. On fait parfois des ponctions pleurales. On met des patients sous oxygène. Un mauvais geste ou un mauvais réglage et les choses peuvent mal se passer. Et donc mon CDI en pâtir, voire être rompu.

Bref, je ne travaille pas, mon travail n'est pas fatigant, il est facile, etc. Enfin je dis ça vu que ce seulement les autres qui ont un travail difficile. Et que les remarques sont faciles de l'extérieur :(

mercredi 10 septembre 2014

J'ai envie de dire zut, flutte, crotte... chiiier !

L'homme au téléphone, voix détachée, ton froid et avec l'air franchement emmerdé (emmerdé par la paperasse, pas par la tristesse) : 

"Ma maman est décédé et je ne sais pas qui je dois contacter pour qu'il récupère l'appareil."

C'est à ce moment-là que s'est mise à résonner dans ma tête l'éternelle inquiétude de cette patiente. Patiente qui a fumé de très longues années et qui a fini par avoir besoin d'oxygène. Patiente qui avait ENFIN réussi à s'arrêter de fumer et commençait à se sentir mieux. Elle avait même réussi à reprendre un peu de poids et à dépasser les 45 kg (oui oui, 45 kg).

Son inquiétude était simple :

"Mais Fanny, quand je vais mourir, qui va s'occuper de ma chienne ? Elle est vieille, personne ne la voudra en plus...".

J'ai appris aujourd'hui, alors qu'elle est décédée il y a 2 jours, qu'elle avait deux enfants. Elle ne m'en avait jamais parlés, c'est mon patron qui me l'a dit. Ses enfants lui avaient tourné le dos depuis bien des années, ils vivaient ailleurs et ne venait pas la voir.

Quant à son mari, il la battait. Elle est restée avec lui. Il est mort il y a quelques années seulement. Quelques années qu'elle a enfin pu vivre à peu près tranquillement.

"Qui va prendre soin de ma chienne ?" me demandait-elle toujours, les larmes aux yeux...

Je ne sais pas Marie-Claire. Je ne sais pas ce qu'elle va devenir. J'espère que le fils ne fera pas n'importe quoi.