mercredi 11 juin 2014

Le corps disparaît, les souvenirs restent 1/4 ?

Sur l'ordinateur du secrétariat, il y a un dossier que j'ouvre peu. Et quand je l'ouvre, ce n'est jamais pour une bonne nouvelle. En même temps, le nom veut tout dire : patients décédés.

Il faut bien que je garde les fichiers quelque part. Enfin c'est mon avis, même si les courriers en question sont dans les dossiers papiers et donc archivez avec le dossier complet pour 20 ans.

Voir ces noms... Des noms qui évoquent de tout. Mais vraiment de tout.

Les qualificatifs qui passent dans ma petite tête ? Une personne gentille, émouvante, adorable, énervante, souriante ou faisant sourire, chieuse, etc.

De tout je disais.  Il y a des noms qui ne m'évoquent rien mais souvent des souvenirs y sont liés... J'ai envie de me souvenir d'eux plus longtemps que ce que je pourrais en les évoquant ainsi. Cela pourra peut-être choquer, mais ce sont mes souvenirs.

  • Monsieur B., sur son lit d'hôpital après une récidive d'un cancer pulmonaire avec localisation cérébrale. D'une maigreur effrayante car n'arrivant plus à manger tellement il avait mal. Malgré les médicaments. Il a réussi à s'en sortir mais est décédé moins d'un an plus tard.
  • Monsieur B., monsieur imposant de part son surpoids et surtout le fait de refuser de se lever de son fauteuil roulant, sans raison. Il pouvait se déplacer. Et son épouse, si fluette, toujours présente et qui encaissait sa mauvaise humeur.
  • Monsieur B., un vieux monsieur fatigué qui ne voyait quasiment plus ses enfants apparemment. Et lui ne pouvait plus conduire, ce qui n'aidait pas.
  • Monsieur B., si gentil malgré tout ce qu'il a eu sur la figure comme soucis de santé. Est décédé d'un coup alors qu'il tenait face à tellement de problèmes respiratoires graves.
  • Monsieur C., la plus surprenante façon d'apprendre la mort d'un patient. Je l'ai évoquée dans ce billet.
  • Madame C., aux problèmes neurologiques nombreux. Et graves. Qui lors de sa dernière consultation est arrivée en ambulance sur un lit car elle ne pouvait plus bouger.
  • Madame C., une arabe oh mon dieu quelle horreur... Tellement gentille, douce, souriante auprès de son mari. Se dire quand on va à un marché aux puces qu'à cet endroit on l'a vue, s'en souvenir dans tous les villages où on l'a croisée et se dire qu'on ne la reverra plus cette année...
  • Madame C., une emmerdeuse. Vraiment. Comme son mari. Je pense qu'il y avait un profond manque de bonheur chez elle qui se répercutait de cette façon.
  • Madame C., de la robe de qui un cafard mort est une fois tombée. Ramassé discrètement parce que déjà l'odeur n'était pas géniale mais si en plus les patients avaient remarqué ça... Gentil derrière son masque de femme bourrue. Mais n'ayant pas eu accès à une éducation, avec les conséquences que cela implique.
  • Madame F., qui voulait mourir. Elle était vieille, fatiguée. Ses enfants voulaient la maintenir en vie mais elle a choisi de se laisser partir.
  • Monsieur F., vieil homme qui ne paraissait pas sympathique au premier abord. Mais on sentait vite que c'était juste une façade. Tellement gentil en fait et qui aimait bien rigoler.

mercredi 4 juin 2014

lolilol

Bien bien bien... La remplaçante a téléphoné. Elle voulait parler du remplacement de la semaine prochaine.
 
Oh wait...
 
Ce n'est pas prévu qu'elle remplace et comment elle a su qu'il ne serait pas là ?
 
Bref. De toute façon ce n'est pas à moi qu'elle veut parler.
 
Je passe donc le téléphone à mon patron qui ne comprend pas non plus pourquoi elle parle de ce remplacement où une autre médecin a signé pour le faire.
 
Il informe (je dis bien informe) la remplaçante des cas de tubeculose pour qu'elle fasse un éventuel suivi.

Elle est devenue... agressive. À un point incroyable. Mon patron en est tombé des des nues et pourtant il a eu de gros soucis avec son associé de l'époque.
Elle a pris ça pour des accusations. Que de toute façon il fait plein d'erreurs médicales et qu'elle pourrait en dire des choses sur lui. Que de toute façon il l'a attaqué, que sa secrétaire est "malade et complexée" et il y a eu une suite mais je suis partie.
Bref, elle a tout pris pour une accusation alors qu'il s'agit d'une information pour sa santé. Sans compter tout ce qu'elle a signalé qu'il faisait mal et qu'il ne fallait pas traiter ces patients. Hum... qu'elle explique ça à l'agence régionale de santé etc.
 
Elle a été immonde avec lui. Il a mis le haut-parleur pour que j'entende comme elle lui parlait, il se demandait si c'était lui qui devenait fou. Et c'est là qu'elle a fait les remarques sur moi et que je suis partie. Enfin de toute façon, comme elle le dit si bien, mon patron a une main mise sur moi et on "combine des trucs tous les deux".

Ce qui tombe bien, c'est qu'il n'a pas eu besoin de lui expliquer qu'elle ne remplacera pas puisqu'elle ne veut plus revenir ici. Au moins, c'est réglé !